Ce qu’est la pathologie :
L’ostéoporose est définie par l’OMS comme une maladie diffuse du squelette caractérisée par une faible masse osseuse et une détérioration qualitative et quantitative de l’architecture du tissu osseux. L’ostéoporose se développe en général d’une façon diffuse mais hétérogène sur le squelette, plus ou moins marquée selon les os. Les os les plus susceptibles de se fracturer sont ceux de la hanche, des vertèbres et des poignets. Les fractures font toute la gravité de cette maladie, reconnue comme problème de santé publique.
Quelques chiffres chez les séropos :
Les personnes séropositives au VIH sont plus sujettes à l’ostéoporose du fait de l’infection au VIH, des traitements antirétroviraux et de facteurs de risques spécifiques. Le virus agit directement sur les cellules osseuses en déréglant leur activité, dérégulation également du métabolisme de la vitamine D cette fois-ci du fait des traitements antirétroviraux. Parmi les antirétroviraux, les inhibiteurs de protéases et la molécule tenofovir sont plus particulièrement connus pour cela. L’inflammation constante, à bas bruit, due à l’infection favoriserait également l’ostéoporose.
La prévalence de l’ostéoporose est plus élevée qu’en population générale*, y compris chez les femmes ménopausées infectées, chez lesquelles elle peut atteindre 42 % (versus 23 %).
Certains facteurs de risque sont retrouvés de façon spécifique. Il s’agit des co-infections par le VHC, et/ou d’immunodépression (nadir de CD4 < 200/mm3).
Les autres facteurs de risque d’ostéoporose sont ceux retrouvés en population générale : âge > 50ans, sexe féminin, antécédents familiaux, inactivité physique, carence vitamino-calcique, tabagisme, alcoolisme, faible poids et IMC bas, ménopause, pathologies ou traitements inducteurs d’ostéoporose.
Évaluer le risque d’ostéoporose :
La Densité Minérale Osseuse (DMO) est mesurée par un examen non invasif, se réalisant en quelques minutes : l’ostéodensitométrie (imagerie obtenue par absorptiométrie biphotonique à rayons X).
Son résultat est exprimé par le T-score, écart entre la densité osseuse mesurée et la densité osseuse théorique de l’adulte jeune de même sexe, au même site osseux (rachis lombaire, extrémité fémur ou poignet) :
T-score > -1 : densité normale
-2,5 < T-score ≤ -1 : ostéopénie
T-score ≤ -2,5 : ostéoporose (dite sévère en cas de fracture)
L’ostéodensitométrie est un examen clé, mais ses indications sont limitées aux personnes présentant des facteurs de risque d’ostéoporose (acte remboursé à 70 % sur la base d’un tarif fixé à 39,96 €, deux fois dans la vie, sur prescription médicale).
Prévention et recommandations de prise en charge :
Les indications de l’ostéodensitométrie pour un premier examen dans la population générale (quels que soient l’âge et le sexe) concernent la femme ménopausée et/ou ayant des antécédent de fracture du col fémoral sans traumatisme majeur chez un parent au 1 er degré, ayant un indice de masse corporelle < 19 kg/m2, ayant été ménopausée avant 40 ans quelle qu’en soit la cause.
Les séropos ont les mêmes recommandations que la population générale concernant l’ostéodensitométrie, à la différence près qu’en raison des facteurs de risque spécifiques, augmentant le risque global d’ostéoporose pour les séropos, le groupe d’experts de la prise en charge du VIH recommandent d’élargir les indications de l’ostéodensitométrie, à l’homme séropositif de plus de 60 ans, ou de moins de 60 ans avec un IMC < 20 kg/m2.
Si une ostéopénie ou une ostéoporose est présente, dans tous les cas, la prise en charge commence par corriger une éventuelle carence en calcium et/ou en vitamine D, par ajustement des apports alimentaires et/ou apport par prescription médicamenteuse de calcium et vitamine D (1 000 mg/j). L’arrêt du tabac est préconisé aussi.
Une modification du traitement antirétroviral doit être proposée aux patients traités par tenofovir et/ou inhibiteur de protéases.
Il existe des traitements spécifiques de l’ostéoporose. L’indication et le choix du traitement est à discuter en fonction de l’âge, du statut hormonal (ménopause), de l’évolutivité de l’ostéoporose, du siège de l’ostéoporose (col ou rachis) et des résultats des examens de sang. Les traitements oraux peuvent donner des troubles digestifs (nausées, diarrhée) et se prennent à jeun, en général une fois par semaine ou une fois par mois.
Concernant la prescription médicamenteuse de calcium et vitamine D, ne pas oublier de vérifier qu’il n’y a pas d’interactions médicamenteuses à partir du site https://www.hiv-druginteractions.org/
Les ActupienNEs ont produit une brochure d’information spécifiquement sur le HPV. Pour approfondir le sujet : https://lesactupiennes.fr/sida-on-la-dans-los%ef%bb%bf
*https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/prevenir_fractures_osteoporose.pdf
L’instant prévention #BonnesRésolutions
Ma santé passe aussi par mon accès aux droits sociaux
Le rejet social et affectif, le temps passé à nous soigner, nous condamnent, nous séropos, à la précarité, nous contraignant à vivre aux minima sociaux. La « pauvreté en conditions de vie » touche près du tiers d’entre nous contre 13% de la population générale (enquête Vespa 2). La proportion de propriétaires de logement reste très inférieure à celle rapportée en population générale (respectivement 32 % contre 58 %) (rapport Morlat).
Pour avoir accès à ses droits sociaux (louer un logement, aides au logement, allocation adulte handicapé, couverture sociale, …) ne pas hésiter à frapper à la porte de l’assistante sociale de l’hôpital ou du CCAS (Centre Communal d’Action Sociale).